Conversation secrète (1974)

Réalisateur : Francis Ford Coppola
Année : 1974
Genre : Thriller, Mystère
Cast : Gene Hackman, John Cazale, Frederic Forrest, Cindy Williams, Harrison Ford, Teri Garr...


Peu de réalisateurs peuvent se vanter d'avoir dominé une décennie autant que Francis Ford Coppola dans les années 1970. Avec seulement 4 films lors de cette décennie, il s'est imposé comme un des plus grands réalisateurs américains de l'Histoire du cinéma, a connu de grands succès publics et a raflé les récompenses (deux Palmes d'Or, cinq Oscars...). Si la suite de sa carrière est beaucoup moins glorieuse, nul doute que cet enchaînement des 70s' reste inégalé. Mais, si les deux premiers Parrain et Apocalypse Now sont parmi les films les plus iconiques et acclamés de l'Histoire, ce Conversation Secrète est resté un peu en retrait. Pourtant les critiques dithyrambiques ne manquent pas, et le film a tout de même gagné une Palme d'Or (et sans ex-æquo comme Apocalypse Now), donc il faudrait être stupide pour qualifier ce film de Coppola de "mineur".



Conversation Secrète raconte l'Histoire de Harry Caul (Gene Hackman), un expert de la surveillance qui se voit tiraillé entre son travail et sa morale, lorsqu'il pense qu'un enregistrement qu'il a réalisé puisse mettre en danger la vie d'une femme infidèle et son amant.

J'étais un peu divisé au moment de regarder le film. D'une part, les autres Coppola des années 1970 m'avaient tous beaucoup plus, et ce Conversation Secrète avait lui aussi des critiques solides, et je suis toujours partant pour un bon thriller plein de suspense, mais d'autre part plusieurs personnes avaient souligné le rythme assez lent du film et une première partie assez ennuyante.
Et bien, mon impression finale du film, c'est exactement ça : la première moitié est effectivement très lente et pas ultra-passionnante, mais le film possède également plusieurs moments à l'atmosphère très tendue, et le dernier quart du film est vraiment bon, et à lui tout seul peut justifier la lenteur du reste du film.

Je tiens également à souligner le travail des acteurs, tous très bons, avec une mention spéciale à Gene Hackman qui a fait tout un travail pour faire d'Harry Caul un personnage très isolé, solitaire, en marge de la société, démodé et paranoïaque, assez opposé à ses rôles de tough guys de l'époque à la French Connection. C'est aussi toujours cool de voir un Harrison Ford pre-Star Wars, ainsi que John Cazale, acteur légendaire et parti trop tôt, à la carrière irréprochable (Conversation Secrète donc, mais également les deux premiers Parrain, Un après-midi de Chien, et Voyage au bout de l'Enfer).

Malgré cela, le rythme lent du film m'a plutôt posé problème, et ce qui m'embête, c'est qu'au fond il est utile. Le film commence in media res, en plein enregistrement du jeune couple, et ce n'est qu'au fil du film que l'on découvre qui y sont, pourquoi on les enregistre, etc... Tout au long du film, plusieurs détails sont introduits pour que le tout culmine lors de la dernière demi-heure. Donc, ça paye, mais difficile de faire l'impasse dessus lorsqu'on passe plus de la moitié du film à regarder sa montre toutes les deux minutes...

Il y a quand même quelques autres qualités à mentionner : la bande-son jazzy et mystérieuse de David Shire, ou encore le côté ambigu de certaines scènes qui provoquent donc de nombreux débats sur Internet, c'est toujours intéressant.

Conversation Secrète est donc un thriller lent, parfois fastidieux, clairement moins "épique" qu'un Parrain ou un Apocalypse Now, mais qui vaut le coup d’œil pour les performances de ses acteurs, et surtout pour son final surprenant et mémorable (clairement si vous vous faites spoiler, j'ose à peine imaginer à quel point le film deviendrait ennuyant pour vous).

Note : 5,75/10